vendredi 7 juillet 2017

FRANÇAIS : Pourquoi un plan d'investissement national pour financer les besoins émergents africains d'ici à l'an 2030 ?



FRANÇAIS


Pourquoi un plan d’investissement national 
pour financer les besoins émergents 
africains d’ici à l’an 2030 ?



La réponse de 

l'Université des Connaissances Africaines en 7 points


1.     Pourquoi d’ici à l’an 2030 ?

Plusieurs raisons militent pour que la France s’engage dans un plan d’investissement industriel national en Afrique. Je ne pourrai pas les citer toutes ici, de fait, j’en ai sélectionné 5 pour les besoins de cet article et une bonne compréhension de ma réflexion.

La première raison pour nos investisseurs est économique. Il est communément reconnu que l’Afrique est un continent qui regorge de richesses. Cependant, force est de reconnaître également que ces dernières sont encore très peu diversifiées et n’offrent que peu de valeur ajoutée. Dans ce sens en effet, le continent en général et les économies de la zone franc pour ne parler que de notre zone de confort économique, comptent avant tout sur les richesses de leur sous-sol, notamment, le pétrole, le gaz naturel et les minerais. Ces marchés sont extrêmement porteurs et cette année encore, ils sont soutenus par une croissance mondiale estimée à 3,4% par le FMI, le double en Chine et en Inde qui sont leurs principaux clients. L’Afrique s’affirme donc comme une zone à fort potentiel économique car celle-ci a la capacité de générer de la croissance comme il n’est plus possible ailleurs dans le monde.

La crise actuelle comme deuxième opportunité d’investissement.  Face à la baisse du prix du pétrole et du gaz, un certain nombre de pays subsahariens connaissent une crise. Or plutôt que d’être fataliste, cette crise doit nous amener à réfléchir sur de nouvelles opportunités d’investissement. Investir en Afrique subsaharienne n’est pas sans risque et nous le savons tous. Des cadres doivent encore être définis, achevés que ce soit le secteur financier qui est encore en chantier, le contrôle du mouvement des capitaux, l’économie fermée et encore largement nationalisée, le faible tissu industriel, les liquidités rarement garanties et une démocratie fragile. De nombreuses barrières doivent être levées, afin que la zone franc se transforme en terre d’accueil des capitaux étrangers. Cependant, malgré leurs difficultés, notre expérience africaine révèle que des pays aussi différents les uns des autres ont tout à fait les capacités pour se faire une place de choix dans l’économie mondiale.

La troisième raison est en lien avec les infrastructures. L’Afrique est selon Alexandre VILGRAIN, Président du Conseil français des Investisseurs en Afrique dans l’édito de la lettre du CIAN de juin 2017 : « L’Afrique est le plus grand marché du monde pour les infrastructures à construire, et ceci pour longtemps… ». Ce futur eldorado des investisseurs fait face à des besoins de financement colossaux. L’atteinte des objectifs de développement et la lutte contre la pauvreté vont demander de mobiliser entre 600 à 1 200 milliards de dollars par an (1 089 milliards d’euros) selon la CNUCED, dont 93 milliards au moins pour les seules infrastructures. Or, soyons réaliste ni les seules ressources budgétaires des gouvernements, ni l’aide au développement fournie par les pays donateurs ne suffiront à couvrir ces besoins. Bien au contraire, crise oblige, celle-ci a plutôt tendance à baisser. Il nous faut donc trouver de nouvelles sources de financement indispensables au développement du continent africain et ce sans retomber dans le piège infernal du surendettement. S’agissant des infrastructures, ces dernières s’inscrivent avant tout dans un impératif moral car elles permettent notamment de pouvoir garantir l’accès à un certain nombre de besoins primaires et d’apporter des services de base comme l’eau et l’électricité (chacun sait que les taux d’accès en Afrique sont encore très faibles : 29 % pour l’électricité, soit 600 millions d’habitants qui en sont privés, et seulement 65 % pour une ressource aussi vitale que l’eau). Mais au-delà et en faisant de la prospective, la mise en place d’infrastructures, c’est aussi répondre à une impérieuse nécessité économique. En effet, c’est en intégrant l’Afrique aux chaines de valeur internationales que nos dirigeants pourront réaliser la promesse de l’industrialisation, base d’une croissance inclusive et transformative. L’Afrique doit tirer ses propres leçons et pour attirer les usines qui feront sa richesse demain, elle doit faire face à ses obligations de compétitivité.



La quatrième raison est culturelle : L’Afrique est le deuxième continent d’expatriation française devant les Etats-Unis d’Amérique. Nous commettons tous l’erreur culturelle qui consiste à penser que le fait d’avoir en commun dans l’espace culturel francophone le français veut que dire tout va de soi et que les « africains » connaissent les français et vice-versa. Malheureusement, cette situation est source de plus en plus de malentendus culturels. La vérité est qu’avec les nouvelles générations, les liens entre les cultures se distendent et l’Africain de 2017 n’apprécie pas ce qui se passe dans son pays et à tendance à faire porter à la France la responsabilité d’une partie de ses souffrances. Cette mauvaise image dont souffre la France actuellement participe aussi à ses pertes de parts de marchés sur le continent. Il en découle un problème de fluidité dans les rapports et décisions, d’asymétrie informationnelle.

Acteurs économiques et politiques français : que vous reproche votre partenaire culturel africain sur ses terres en 2017 ?

L’absence d’un processus collectif de décision conjointe suite à une :

  • Gestion malhabile du passif historique,
  • Haute idée de la France qui biaise la réflexion stratégique, 
  • Réticence à l’ouverture vers l’Autre malgré les incantations,
  • Incapacité à prendre en compte les particularismes locaux qui s’aggravent et se complexifient avec la mondialisation,
  • Impairs et négligences des facteurs culturels,
  • Faible capacité de prise en compte des besoins émergents des populations africaines à savoir la satisfaction des sept faims.

Les cadres et dirigeants africains exigent de plus en plus des décisions négociées qui après analyse des complexités à gérer, éléments fournis ou en discussion, doivent porter sur :

  • La nature des problèmes à résoudre (mauvaise question, solution inadaptée),
  • Le type de solutions disponibles dans une logique d’offre de solutions économiques et non d’aide bilatérale ou multilatérale,
  • Le type d’acteurs qui participent à la préparation de la décision (manque de culture des acteurs, de connaissances et de repères historiques et de compétences interculturelles),
  • Le type d‘acteurs qui appliquent la décision,
  • La division du travail en vigueur dans le processus décisionnel et la conduite des missions,
  • Les procédures qui gouvernent les tâches des uns et des autres,
  • Les circuits d’information disponibles, les circuits actuels souffrent de la stratégie française de diffusion-rétention de l’information stratégique,
  • La rigidité du contexte organisationnel à laquelle vous, en tant que décideur, êtes confrontée,
  • L’ambiguïté des missions et des actions (le manque de clarté, de précision, de moyens, de logistique et de simplicité sont souvent pointés du doigt).


Il va donc s’agir de faire des décisions françaises, une démarche collective jalonnées de décisions négociées, elles-mêmes articulées par processus décisionnels normatifs… Cela permet, dans le cadre des rapports franco-africains, une concertation appropriée à des situations en pays réel que ni le droit légal (pays légal), ni la simple démocratie incantatoire ne peuvent initier.

Le manque de revitalisation de l’intelligence interculturelle française dans une zone franc mondialisée.

Rien ne sert de courtiser les pays africains anglophones, si l’on n’est pas en mesure de générer une prospérité économique dans sa zone de confort économique. Quel exemple de réussite proposé pour convaincre ces derniers de nous suivre ? En 2017, la guerre économique s’intensifie et la mondialisation de l’Afrique se poursuit, mais les acteurs changent, les intérêts et l’écriture de l’histoire aussi. Nous lisons, depuis plus d’une décennie, dans les rapports à diffusion restreinte, que ce sont des Etats qui expriment de mieux en mieux, les intérêts de leur population contre la logique des marchés et là encore dans ces changements qui se sont amorcés, ce sont surtout les peuples d’Afrique francophone qui viennent rappeler aux investisseurs français, leur différence culturelle et leurs nouvelles exigences et attentes, en scandant les slogans suivants :

  • Modernité avec nos traditions,
  • Ouverture aux autres avec nos identités recomposées,
  • Des projets avec nos mémoires et respect des intérêts mutuels bien compris,
  • Démocratie et mutualisation des intérêts multiformes et multidimensionnelles coproduction, copartage, codéveloppement durable.

La dernière raison relève du constat : la France est en train de manquer le bateau de la croissance du continent africain

Ce constat a été relevé à plusieurs reprises et ce que ce soit par des officiels africains ou des représentants français : "Nos partenaires traditionnels comme la France (...) pourraient avoir à travailler un peu plus dur pour nous convaincre de travailler avec eux dans les investissements menés sur le continent", a souligné lors d'un forum franco-africain à Paris la ministre des Finances du Nigeria, Ngozi Okonjo-Iweala. "Ceux qui ne sont pas encore sur le terrain doivent commencer maintenant. Parce que, croyez-moi, si vous manquez le bateau, si vous n'êtes pas en Afrique maintenant, vous allez rater l'occasion de toute une vie", a-t-elle ajouté, sous les applaudissements de quelque 560 entrepreneurs africains et français. L'ancienne haute responsable de la Banque mondiale a martelé qu'il était "temps pour le secteur privé français de venir".

"L'Afrique est éveillée et nous devons nous réveiller", a admis la ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq. "Notre part de marché diminue nettement dans les pays d'Afrique francophone, où elle a été divisée par deux en 20 ans, passant de 31% à 13% en Côte d’Ivoire ou encore de 36% à 14% au Cameroun par exemple", a-t-elle déploré. "Et, en parallèle, nos parts de marché dans les pays africains anglophones peinent à décoller". Au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, cette part n'est que de 3,6%, a-t-elle noté. Ce chiffre est de 8,2% pour les Etats-Unis, 4,3% pour le Royaume Uni et 18,5% pour la Chine, selon le Direction générale du Trésor. Reconnaissant la perte de parts de marchés de la France, le président, François Hollande, a annoncé comme objectif de doubler les échanges avec l'Afrique "dans les deux sens, exportations et importations".

2. Pourquoi un plan d’investissement national pour financer les besoins émergents africains ?

L’Afrique francophone a été pendant longtemps considérée comme son « pré carré » par la France. Or aujourd’hui, du fait de la mondialisation notamment les rapports de force ont changé et de nouveaux partenaires économiques se sont présentés pour ces pays d’Afrique faisant ainsi rentrer la concurrence internationale dans les partenariats.

De la perte des parts de marché à un déclassement progressif de la France

Deuxième région du monde derrière l’Asie en termes de croissance du PIB durant la décennie 2000, l’Afrique émerge aujourd’hui comme l’un des moteurs de l’économie mondiale. Cette émergence, elle la doit avant tout à elle-même. Loin des clichés véhiculés, le continent a connu depuis plus de dix ans une croissance endogène, tirée par la consommation d’une classe moyenne en cours de développement et déjà forte de 120 millions d’habitants, au pouvoir d’achat stable. De plus, le dynamisme africain n’est nullement restreint aux seuls pays exportateurs de matières premières. Les indicateurs montrent que la croissance des économies africaines n’est pas un épiphénomène limité sur la durée mais une tendance structurelle et durable. Dès lors si malgré la francophonie, sans oublier cette présence militaire sans équivalent, les risques d'un déclassement progressif de la France en Afrique n'étaient finalement pas si négligeables ? « Les Africains diversifient leurs partenariats, il est normal que nos positions relatives s'érodent car nous étions parfois en situation de monopole ».

La lente agonie du système d’influence et de rayonnement français

La France subit en Afrique une mondialisation qu’elle n’a pas orchestrée, et le nouveau contexte mondial remet en question les paradigmes qui ont fondé les relations France-Afrique francophone. Elle éprouve donc de plus en plus de difficultés à assembler, maintenir son périmètre de puissance de manière cohérente et satisfaisante. En Afrique francophone, depuis la fin de la guerre froide, lentement et progressivement s'est installée une crise d'influence et de rayonnement dans l'État franco-africain. Cette crise marginale au début, devient de plus en plus profonde et manifeste, tant au niveau des exécutifs africains, qu'au niveau des peuples d'Afrique francophone. Elle s'appelle la crise du temps français qui se traduit par une baisse d’influence française en Afrique et un emballement de la contestation de la légitimité historique française dans sa zone de confort économique.

En effet, à la base de tout système d’influence, il y a une expertise rare et recherchée qui produit un rapport de force inégal. Or, quand cette expertise devient obsolète et qu’une absence de revitalisation de la pensée stratégique ne permet plus de maintenir l’enthousiasme conquérant des entrepreneurs, acteurs sociaux et politiques, le rapport de force s’inverse et le système s’effondre de lui-même. C’est dans ce contexte que la réponse endogène contre le système d’influence et de rayonnement apparaît au grand jour.

Repenser le business model national pour l'Afrique francophone

Le modèle économique actuel de la décision publique est caractérisé par la modestie des investissements. Cela se retrouve à titre d’exemple dans le désengagement de plus en plus marqué depuis les décennies 1990 de la puissance publique dans les politiques suivies.

Il en découle la question de l'efficience de ce modèle économique de la décision publique d’une part et sa capacité à intégrer l’ensemble des externalités africaines d’autre part, ainsi que les développements endogènes qui y sont liés. Cela pose alors ici la problématique de l’intelligence économique française, de sa diplomatie économique mais aussi la question de la revitalisation de notre ingénierie financière en Afrique de 2017 à 2025.

De plus, le modèle économique post-colonial qui sous-tend les processus économiques de rente et de coopération n’a permis de favoriser ni de véritables transferts de compétences, ni la construction d’autonomies authentiques et pertinentes. Bien au contraire, cela a permis de favoriser voire de maintenir une demande toujours renouvelée d’assistance, en lieu et place de l’émergence de véritables partenariats.


3. Que faire ensemble à présent ?

La France est un partenaire pour l’Afrique et elle doit jouer sa partition et donc se positionner dans cette offre de codéveloppement, de co-production. Toutefois, pour ce faire, il lui faut répondre à deux urgences essentiellement.

Première urgence : faire face à l'obsolescence créative

L'accélération de la concurrence des émergents, a eu l’effet d’un réactif dans un laboratoire, et a permis de mettre en lumière les retards français dans la course au maintien de son leadership. Cette obsolescence créative s’est traduite au niveau des entreprises et entrepreneurs par une perte de l'enthousiasme conquérant des secteurs privés et publics français. Cette absence de dynamisme nous empêche de renouveler notre offre de codéveloppement économique avec nos partenaires africains qui naturellement vont rechercher de nouvelles ressources vers d’autres propositions de codéveloppement plus avantageuses face à leurs impératifs. S’il faut le relever, il est malheureusement à noter que dans les vingt pays les plus pauvres au monde, onze sur dix-sept ont toujours été en Afrique francophone et cela quel que soit les études menées (OCDE, PNUD, Doing Business, Banque Mondiale…).

Par ailleurs, cette perte trouve aussi une explication dans le rapport à l’autre que nous avions développé, qui lui-même s’exprime et se traduit dans les relations économiques, par des propositions axées autour des stratégies économiques de rente (extraction des matières premières et gestion des intérêts en lien, préservation contre toute logique économique quelques fois des privilèges et intérêts) et dans une logique de rente. Cette logique rentière a eu un effet dévastateur et a fait perdre au génie français en Afrique son enthousiasme conquérant, le goût du risque, l’innovation créative et le cantonne au réductionnisme technologique tant dans les transferts que dans les coopérations.

Pour illustrer mon propos, je prendrai l’exemple du Nigéria qui s'est tourné vers la Chine pour disposer de son premier satellite avec un service après-vente intégré. Sur ce point précis, force est de constater s’agissant de la zone francophone, que sur l’ensemble des pays d’Afrique francophones réunis (UEMOA et CEMAC), aucun ne dispose, 57 ans après les indépendances, de satellite tant individuellement que collectivement alors que la France est l’un des leaders européens du secteur.

Deuxième urgence : la revitalisation de l’intelligence interculturelle française

Face aux émergents et aux légitimes aspirations de bien-être des peuples africains mais aussi pour conserver la chaîne de valeur française, il est temps de prendre définitivement conscience du caractère peu performant des paradigmes postcoloniaux en Afrique. Cette prise de conscience a non seulement le mérite de nous renvoyer face aux réalités mais elle nous oblige surtout à proposer à la fois aux élites françaises et africaines une nouvelle façon de penser, de se réinventer dans la relation franco-africaine et afro-française. En d'autres termes, il s’agit là de réussir à épouser de manière pragmatique et non émotionnelle, les nouvelles courbes africaines et les contingences françaises. Réinventer en situation, veut dire que les solutions proposées actuellement ou le bouillonnement observé par-ci par-là  (CIAN, MEDEF, CCIP, MAE, GPEME) sur la mosaïque des opportunités commerciales que présente l’Afrique actuellement, ne sont que des continuités de paradigmes anciens et non le bénéfice d'une revitalisation de la pensée franco-africaine et afro-française, intégrant l'urgence des temps (politique, économique, militaire, religieux, culturel...) et des mutations continues dans le contexte où elles se développent.

L'obligation d'une revitalisation de l'intelligence interculturelle franco-africaine et afro-française, doit se traduire par :

  • Un plan national d’investissement industriel française en Afrique francophone ;
  • Une densification de l'offre française de codéveloppement économique, (délocalisation industrielle, cocréation de nouvelles entités de productions locales, transfert de basses et moyennes technologies, cocréation des champions nationaux locaux, etc…) ;
  • Une massification des points de convergence d'intérêts et de mutualisation des compétences afro-français dans toute la chaîne de production des connaissances et des valeurs par un programme national des coformations.

La France a, par rapport aux économies africaines en phase de pré-industrialisation et en industrialisation, un handicap dû à son développement et à la structure même de son économie : elle propose aux États africains, une offre performante et de haute technologie pas toujours adaptée à la demande de basses et moyennes technologies des économies africaines. A elle seule, la maîtrise du savoir-faire technique n’est plus suffisante pour emporter la décision sur des marchés complexes où une multitude de paramètre entre en ligne de compte. Les entrepreneurs français doivent s’adapter aux exigences du marché, savoir écouter les desiderata des prospects et ne peut négliger la dynamique interculturelle déjà évoquée. La crise économique actuelle ainsi que l’exacerbation de la concurrence des émergents et le nouveau système de besoins et attentes des pays africains vont créer un processus de sélection naturelle. Il en ressort que les entreprises qui parviendront à suivre et à absorber la charge des émergents et des exigences locales devront trouver de nouveaux relais de croissance (hors pétrole et matières premières) donc fonctionner différemment. Il s’agit de proposer aux acteurs économiques locaux des réponses faciles et des solutions peu onéreuses à mettre en œuvre. Les émergents en Afrique ont fait preuve de simplification, de persuasion et même d’influence en s’appuyant sur des offres adaptées et conformes aux besoins des clients finaux avec pragmatisme, avec des solutions financières permettant de parer aux plus urgents.

4. Comment financer ?

Intégration de l'offre française dans les économies africaines et non addition

Dans le scénario investissement massif pour le développement industriel des économies de la zone franc, les pays africains, attendent et réclament des délocalisations pour organiser le transfert de technologies et une réelle prise en main de l’émergence économique.

La France a-t-elle la volonté manifeste de dépasser le réductionnisme technologique ?
Les pays africains mettent l’accent non sur l’accumulation quantitative de technologies, mais sur leur intégration dans une approche globale - qualifiée d’holistique – du développement et de la planification économique à long terme. Ces pays n’ont pas la technologie, mais ont une vision stratégique et politique du développement économique. C’est une approche classique des stratégies de rattrapage technologique qui fait du retard un avantage, comme l’a théorisé Alexander Gerschenkron dans son ouvrage de 1962[i]. Ces pays peuvent marier une technologie traditionnelle qu’ils commencent à maîtriser et rechercher les synergies avec une technologie nouvelle importée. L’archétype de ces stratégies de rattrapage à long terme est la stratégie chinoise qui est en train de passer du « made in China » au « innovated in China »[ii] de plus en plus tirée par le marché intérieur.

Il est plus qu'urgent dans une logique d'offre de codéveloppement économique, de co-production, des compétences, de connaissance et d'information, que la France propose des offres globales pragmatiques, c'est à dire, une offre intégrée et non des réponses françaises aux besoins africains par bloc et selon les besoins stratégiques français. Face à la concurrence des émergents et des besoins légitimes pour leur émergence, les pays africains francophones attendent une réponse économique systémique française, axée autour de l’intégration économique. Il est intéressant de noter que, pour la première fois, les peuples africains vont demander aux acteurs économiques français, de s'intégrer dans leurs attentes. Un nouveau rapport de partenariat où les africains formulent leur stratégie d’émergence en termes de développement à long terme et pas seulement en termes de débouchés commerciaux comme le fait la France.

Cette stratégie est cohérente avec l’état de l’art de l’économie de l’innovation : le capital matériel est mobile – donc copiable - tandis que les actifs immatériels (la connaissance, le savoir-faire, le capital social) sont enracinés dans un territoire et peu mobiles, donc devant être reproduits de manière endogène, par apprentissage, à partir des spécificités historiques du capital social du territoire. Les compétences sont de nature idiosyncratique, c’est-à-dire qu’elles sont propres à un contexte, voire une organisation, et difficilement déployables dans un autre. On peut copier une technologie, pas une compétence. Celle-ci doit se recréer en contexte par un long processus d’apprentissage endogène au pays et au territoire d’accueil. Elle dépend d’une culture technologique qui est elle-même fonction d’un capital social.

On comprend donc aisément qu’aujourd’hui, il nous faut à tous penser intégration économique afro-française et non préservation des intérêts français en Afrique. Il faut pour cela partir des usages, des besoins, des attentes, des demandes, et non pas d'une stratégie mercantile qui se bornerait à ne voir l'Afrique que comme un marché d'écoulement de produits français.

Intégrer les deux approches

L’Université des Connaissances Africaines riche de sa longue expérience franco-africaine, propose une intégration des deux approches africaine et française en associant les entreprises, les universités et la volonté politique.

Pour cela, nos experts travaillent à une gestion de la densité, tant des offres que des politiques. Il nous faut remastériser la carte-mère culturelle, économique voire individuelle française. Les pays d’Afrique francophone ont de manière certes incohérente, une stratégie basée sur l’intégration des technologies existantes qu’ils peuvent se procurer dans les pays industrialisés, tandis que ceux-ci en général et la France en particulier ont des stratégies basées sur l’exportation. D’un côté des stratégies intégratives à moyen terme des pays africains qui dominent la demande dans l’espace francophone africain, de l’autre côté des stratégies addititives à court terme des entreprises françaises qui dominent l’offre.

Nous élaborons la proposition d’un cadre de référence commun basé sur le développement de la modélisation systémique qui permettrait de rééquilibrer cette inversion probable de leadership dans 30 ans au profit des pays africains.

En conclusion, comment définir le schéma d'organisation de l'offre systémique de codéveloppement économique afro-française et franco-africaine ?


Du point de vue français

  1. Cartographier les intégrations françaises aux économies émergentes africaines ;
  2. Définir un business model national pour l'Afrique francophone intégrant les systèmes de besoins et attentes des pays et marchés cibles ;
  3. Établir des méta-règles de conception de la démarche française et africaine
  4. Mettre en place une charte nationale de fonctionnement, d'organisation et de travail dans les rapports économique entre la France et les pays africains ;

Du point de vue Africain (par pays et organisation sous régionale UMOA et CEMAC)

1.    Recevoir des pays africains, de manière individuelle, un business model national qui intègre le système de besoins et d'attentes français
2.    Établir des méta-règles de conception de la démarche africaine par pays et organisation sous-régional

3.    Mettre en place une charte nationale de fonctionnement, d'organisation et de travail dans les rapports économique entre le pays africain et la France

5.   Quand ?

La reconversion industrielle est une démarche opérationnelle dont l’analyse des prérequis et des conditions de faisabilité auront lieu dans les Etats clients dès janvier 2018.

6.   Avec quoi ?

LA NATIONALE STRATÉGIQUE dans ses domaines d’expertise, doit être en capacité de répondre avec diligence à toute commande passée par le Président de la République, le Premier Ministre, qu’il s’agisse d’éclairer l’avenir, de contribuer aux choix de politiques publiques, de réaliser les projets, d’organiser des concertations ou d’évaluer des dispositifs et des politiques.

         Elle est chargée de coordonner un réseau de 8 programmes d’Etat mis en œuvre par des  structures désignées sous le vocable d’agences :

Agence Nationale Stratégie et Défense,                                                                                                                 
Agence pour la reconversion industrielle nationale,                                                                                                          
Agence Nationale de Sécurité Economique,                                                                                                          
Agence Nationale de l’Economie de la connaissance,                                                                                                       
Agence Nationale de la Prospective,                                                                                                                               
Agence Nationale de Management et gestion des crises,                                                                                                         
Agence Nationale du numérique,                                                                                                                 
Le Programme de Formation métiers MAYELE.




7 - Avec qui ?


  LA NS s’exécute et s’articule en mode management de projet, c’est-à-dire constitution de         groupes pluridisciplinaires, ou comité interministériel devant travailler sur un même projet,         selon un budget défini dont les livrables (les rendez-vous sur objectifs) sont rendus dans les       délais compressés.


Publié par Patrice PASSY, Président de l’Université des Connaissances Africaines

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire