Comment contribuer à la reconversion industrielle des économies
des pays d’origine avant 2030 ?
1. Pourquoi avant 2030 ?
Pour trois raisons :
1. Le constat : absence de
cadre conceptuel
Le constat est que les réponses traditionnelles (économique, culturelle, sociale,
intellectuelle, philosophique, …) face aux exigences du monde multipolaire qui se
construit sous nos yeux, sont devenues obsolescentes
c’est-à-dire les dynamiques africaines tendent à
rendre obsolète ce modèle économique. Il en est de même pour les offres de
développement de nos alliés traditionnels qui souffrent d’une obsolescence
créative, c’est-à-dire une inadaptation des
offres aux demandes des peuples africains (les
sept faims des peuples africains). Cette obsolescence est due principalement
à l’apparition d’une offre nouvelle mieux adaptée à
la demande (le glissement de la puissance
financière mondiale vers le moyen et extrême orient, l’offre chinoise
principalement, qui met presque un terme au cycle économique postcolonial).
2. Inventer notre enthousiasme
conquérant
« …Entre afro-optimisme et afro-pessimisme, l'Afrique a été
présentée à travers le ressenti des autres. De fait, lorsqu'on décortique ces
discours, on se rend compte que le continent a très peu pris la parole pour
dire ce qu'il pense de lui-même, de son devenir, de ses réalités. L'Afrique a
été tellement réceptrice et consommatrice de discours qu'elle a fini par les
faire siens. Ainsi, quand on écoute certains intellectuels, on réalise qu'ils
sont une sorte de caisse de résonance des débats en cours, lesquels ont été
initiés depuis longtemps à partir de regards extérieurs. L'urgence est de se
réinventer avec nos héritages, avec les traces de ce qui nous reste, avec les
synthèses qui ont été opérées. Il nous faut retrouver un nouvel élan à partir
d'un nouveau sol. Point n'est besoin d'aller rechercher dans les brumes du
passé ce qui a persisté dans notre histoire et qui est là en nous. Je ne crois
pas qu'on ressuscitera une Afrique ancienne ante-coloniale qui nous attendrait
avec ses victuailles. C'est à nous de la reconstruire intellectuellement avec
les vestiges qui nous restent. Nous ne sommes pas sûrs qu'elle soit ce que nous
croyons qu'elle était. Mais on peut ré-articuler, réinventer, recomposer… »
Felwine
Sarr propos recueilli par Malick
DIAWARA pour le Point Afrique
3.
Construisons de nouvelles
souverainetés collectives
Notre
rationalité est devenue économiste, son paradigme est le libéralisme
triomphant. Nous n'avons plus d'autres ressources qu'un appel déraisonnable à
la mise à mort de notre obsolescence créative …
Mais surtout, il nous
faut absolument faire appel à l'insurrection de l'audace conceptuelle. Ce qui
relie, rallie, relate, les États, les peuples, les nations, quelle que soit
leur complexité constitutive ou découlant de l'Histoire, c'est avant tout une
idée, un socle commun de valeurs, une éthique référentielle. Cela peut aussi
être une intention autour d'un projet global, une stratégie d'ensemble liée à
une vision commune des enjeux du monde, un pacte républicain ou autre qui
autorise le respect des différences et surtout leur expression positive. C'est donc ici une autre forme de
souveraineté qu'il y a à construire à l'intérieur des terres africaines, et
cette forme ne peut être que collective. En effet, pour que la deuxième
puissance démographique mondiale jouisse de son statut dans 30 ans, il nous
faut, après les indépendances octroyées, franchir cette nouvelle étape de notre
histoire. Il va donc s’agir de construire notre souveraineté collective.
2. Pourquoi contribuer à la reconversion industrielle des économies francophones ?
Le rôle de l’industrialisation en Afrique est hautement articulé
dans le Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique
(AIDA), et réaffirmé dans l’Agenda 2063 qui recommande la promotion de plans
sectoriels et de productivité ainsi que des chaînes de valeur régionales et des
produits de base pour appuyer la mise en œuvre des politiques industrielles à
tous les niveaux. La diaspora africaine peut contribuer à la reconversion
industrielle des économies de la zone franc en produisant de nouveaux paradigmes
et solutions endogènes pour :
◗ encourager les
politiques industrielles qui ont fait leurs preuves ;
◗ développer des
marchés des capitaux liquides et efficaces ;
◗ catalyser les
financements des infrastructures et des projets industriels
◗ promouvoir et
orienter le développement des entreprises ;
◗ promouvoir des
partenariats stratégiques ;
◗ réaliser
l’intégration des marchés africains ;
◗ accélérer les
flux de capitaux vers les pays africains ;
◗ accélérer le
développement des compétences et des technologies.
Malheureusement,
aujourd’hui encore, on ne travaille pas assez sur la prospective dans les
exécutifs africains, alors que c’est cela même qui détermine ce que l’on doit
chercher et où on doit le chercher. Il convient donc donner toute sa place à
l’anticipation et reconnaître que sans une pensée stratégique, on ne peut faire
que panser les plaies de nos retards économiques.
L’Afrique
possède de nombreux atouts propres à contribuer à son succès industriel : des
ressources naturelles abondantes, une force de travail en expansion et des
marchés intérieurs en progrès. En exportant des produits non transformés,
l’Afrique exporte, en fait, sa richesse et ses emplois. Il en découle notamment
que derrière les bons chiffres de la croissance, les inégalités et le chômage
persistent. L’Afrique doit donc conserver ses richesses en leur ajoutant de la
valeur, ce qui suppose une transformation économique induite par des politiques
qui stimulent la création et la croissance du secteur industriel. Il est, par
ailleurs, établi que, les modèles d’industrialisation, d’inspiration libérale,
ont failli car ils ont sapé les fondements même d’un développement authentique,
profitable aux populations.
Face
à ce constat, l’impératif pour l’Afrique est de réussir sa reconversion
industrielle en empruntant des voies originales pour en assurer la réussite et en
garantir la pérennité. Dans cet objectif, il
convient alors de redéfinir la place et la manière d’être du secteur public
dans la refondation de l’économie africaine notamment pour insérer
avantageusement les entreprises industrielles africaines dans les chaines de
valeur mondiales, assurer la création significative et la répartition des
richesses fondée sur la satisfaction des sept faims et le respect des droits
des générations futures ; mais aussi, construire des régulations nouvelles
entre le secteur privé et la société, entre les biens privés et les biens
communs, entre espaces privés et espaces publics entre l’Afrique et le reste du
monde. Autant de défis complexes qui sont au cœur de la gouvernance de
l’économique et des attentes des gouvernements de leur diaspora.
3. Pourquoi les afro-français
tardent à contribuer en France et dans leur pays d’origine ?
Les facteurs retardant : Les dix plaies des africains de
France.
Pour
plusieurs raisons les communautés nationales au sens stratégique sans les moins
structurées de France…
Qu’observe–t-on comme freins dans la mise en œuvre d’actions de développement économique
depuis les années 70 ?
- Mauvaise gestion des priorités et des faiblesses des stratégies collectives d’intégration ;
- Absence de management des compétences, doublée d’une gestion désordonnée des pôles d’intégration et de compétence ;
- Déficit chronique d’une confluence d’intérêts communautaire et faiblesse des connivences d’intérêts économiques ;
- Cloisonnement entretenu entre collecte, traitement, analyse et diffusion de l’information associative, entrepreneuriale, individuelle ;
- Faible aptitude à se valoriser et à valoriser une nouvelle image d’eux-mêmes, aggravée par l'absence de stratégie de positionnement et de prise de parole dans un rapport du faible au fort ;
- Manque de communication, d’interaction, de coordination entre les différentes organisations et actions tant sur le territoire français que dans leur pays d’origine ;
- Manque de formation ciblée, donc de compétences et d’incitation au lobbying ;
- Permanence des conflits d’intérêts personnels, et transposition sur le sol français des conflits régionaux ou ethniques ;
- Gestion malhabile du secret et parfois son ignorance ;
- Porosité du socle commun de croyances et de représentations symbolique et identitaire.
Enfermés dans le piège du discours
justificatif, revendicatif, je relève la faible capacité à dissuader et attaquer par l’information et la communication
d'influence de manière offensive ou défensive.
Quelles sont les principales actions à mener en tenant compte des forces,
difficultés et lacunes, sans oublier, la complexification croissante de
l’économie, des interactions culturelles, bref des variables de notre
environnement ?
Adopter une stratégie de dynamisation communautaire qui passe par notre
capacité à :
- Disposer d’une lecture commune des enjeux français et africains liés aux besoins émergents des communautés nationales africaines en rapport avec la France au 21e siècle.
- Proposer à la France deux politiques :
a. La politique
française de réinvestissement industriel dans les pays francophones
en réactualisant sa stratégie de tête de pont
industriel.
b. La politique africaine de la France : il s’agit de revitaliser l’intelligence interculturelle par la
destruction créative des malformations congénitales des Etats Africains et de proposer une coproduction des intérêts stratégiques nouveaux pour
les 25 années à venir. Nos experts en
interne travaillent depuis des mois à l’élaboration de ces deux politiques.
3. Etre une coopérative de talents et de
compétences produisant de nouveaux paradigmes face à l’essoufflement des
stratégies existantes devenues surannées.
4. Tirer profit de la nouvelle économie en l’adaptant aux sept faims du
peuple, ne pas oublier de toujours relever le défi de l’économie de la
connaissance par la formation tertiaire.
5. Dissuader et convaincre par l’information et la communication (formation
des leaders d’opinion, des lobbyistes, investir le champ législatif et
normatif).
6. Contre attaquer avec les mêmes armes, (information/désinformation,
production des connaissances favorables aux intérêts, manipulation des systèmes
de connaissances, ruse et l’art de la polémique, désinformer et discréditer).
7. Prendre appui sur certains courants contestataires de la société civile
pour faire valoir et défendre les intérêts stratégiques de la diaspora et ils
sont nombreux.
8. Favoriser le dialogue inter-communautaire.
9. S’adapter en contexte interculturel et créer au sein des communautés
nationales une émulation communautaire permanente interne
ou inter-communautaire.
Le long
chemin de la mise en commun des intérêts et combats :
L’Afrique
est plurielle, dirons-nous, il devient donc difficile aujourd’hui de trouver un
Etat africain francophone qui n’ait pas sa diaspora, c’est-à-dire une partie
souvent importante de son peuple, dispersée en dehors des frontières de l’État
national. En ce qui concerne ces "diasporas nationales" de France, je
me permets de dire qu’en l’espèce, la dénomination vient en premier par
rapport au réel dans la mesure où une communauté n’existe comme
telle que par sa construction sociale et par la mise en place d’un
travail de représentation du groupe. Ce travail où la mise en commun
de leurs intérêts multiples exige avant tout, un regroupement autour de nouvelles
idées fortes et fédératrices afin de maintenir la cohésion du ou des groupes,
autour d’une discipline d’organisation en communauté dans le but de conserver
les identités (socle commun de valeurs et de représentations) pour
une meilleure intégration et défense de leurs intérêts en France.
Il est à noter
que les regroupements des personnes issues de l’immigration d’origine
africaine, lorsque les circonstances nationales ou individuelles l’ont exigé,
n’ont jamais été des réducteurs d'incertitudes. Ils n'ont pas apporté des
solutions durables mais, un tissu d’œuvres ou d'actions multiplicateur
d’impasses, dans une France en mutation rapide, aux peurs multiples et aux
enjeux de plus en plus complexifiés. Pour ne pas arranger les choses, les
élites de ces communautés nationales, n’ont pas réussi à faire de ce potentiel
une force économique structurante. J'ai envie de dire : un tout cohérent, dont
le cœur stratégique sera une force apolitique chargée de faire émerger des
leaders d’opinion capables de présenter et de parler d’avenir, en exemple, les
questions brulantes de la République ainsi que les réponses attendues face aux
déficits tant décriés. La conséquence la
plus visible, est l’absence de la "diaspora africaine" lors des
grands rendez-vous de la République et d’une diaspora nationale face aux
urgences des Etats Africains.
Muette sur les questions importantes de la République, elle est aussi aveugle dans la conduite des actions souterraines ou à fort impact médiatique par manque de stratégie communautaire offensive et défensive lors des grands choix. Cette fameuse diaspora africaine est donc pour moi en devenir.
Des actions ont été menées depuis les années 80 au nom de la « diaspora africaine » ou de la « communauté africaine », si cela a le mérite d’exister, force est de reconnaître que le résultat à ce jour, n’a pas permis de disposer d’un levier complémentaire d’influence, ni d’une stratégie commune de prise de parole et de positionnement dans la France des réseaux et des connivences d'intérêts.
L’appellation de « diaspora » pourrait alors se justifier si nos « communautés » réalisent les éléments objectifs suivants :
- Créer des
réseaux transnationaux pour faciliter les échanges de ressources
significatives avec la patrie ou avec d’autres communautés dans d’autres
pays d’accueil ;
- Etre une
entité apolitique et sociale transnationale ;
- Résulter d’une
migration volontaire ou contrainte vers la France ;
- Cartographier
les compétences, les ressources et les moyens des membres résidant de
façon permanente en France ;
- Constituer des
minorités agissantes et développer des monopoles économiques grâce à la
stratégie des portes dérobées ;
- Témoigner
d’une identité ethnique explicite et affirmer ;
- Créer et
maintenir des organisations communautaires conséquentes ;
- Faire preuve
de solidarité avec d’autres membres de la communauté et donc d’une
certaine cohérence culturelle et sociale ;
- Mettre en
œuvre, par l’intermédiaire des organisations communautaires, des activités
culturelles, sociales, politiques et économiques pour ne pas oublier d'où
l'on vient et vers où l'on va ;
- Maintenir des
échanges culturels, sociaux, politiques et économiques avec les pays
d’origine, que ces derniers soient un Etat ou une communauté sur un
territoire considéré comme leur patrie ;
- Enfin, posséder un potentiel de coopération ou de conflit avec le pays d’accueil et le pays d’origine. Un conflit est toujours utile pour être et durer.
4.Afro-français, vous êtes invités à contribuer : comment ?
L’enjeu est de taille, il
s’agit pour les 3ème et 4ème génération de réussir
l’émergence en France, et ainsi de transformer en profondeur les habitudes
culturelles qui renvoient à une forte dichotomie entre la réalisation d’un
projet communautaire (individuel ou collectif) et la gestion de la lourde
implication que cela nécessite, de l’adhésion, des motivations ainsi que des
ressources communautaires (humaine et financière). Deux logiques souvent
contradictoires et rarement bien menées par les hommes de terrain et les
acteurs politiques de la communauté. Dans ce
sens, on peut relever qu’à ce jour aucun guide des motivations n'a été produit,
pour réponde à la question suivante : peut-on
mobiliser des afro-français sans idéaux, sans liens, et sans doctrine ?
Le monde change sous nos
yeux, il s’agit à présent de quitter le confort de la victimisation quotidienne
pour saisir les nouvelles opportunités que génèrent ce changement. Il faut pour
cela mettre en œuvre la stratégie des 3
P. Cette innovation de l’université des connaissances africaines, vise à conjuguer
les trois Pactes avec la France et les
pays d’origine, le tout dans une logique d’offres de services de
développement industriel
Premier
P = Pacte de co-construction
Pacte de co-construction
avec les gouvernements d’un ECOSYSTEME INDUSTRIEL qui repose sur des
responsabilités partagées. Cet écosystème est un travail lourd, complexe qui ne
peut s’installer que dans la durée et demande une interaction lourde dans
l’identification des intérêts, la délimitation du périmètre stratégique de
chaque organisation, la mutualisation de ces derniers et ainsi que les cadres
de concertation et d’actions entre :
a. Les
pouvoirs publics,
b. Les
partenaires sociaux,
c. Les
partenaires étrangers,
d. Les
entrepreneurs et les entreprises,
e. Le
réseau des investisseurs de la diaspora,
f. La
mondiale Africaine des Entreprises.
Deuxième
P = Pacte de mobilisation contre les crises
a. Les
afro-français doivent s’inscrire dans une LOGIQUE DE RASSEMBLEMENT ET DES
RAPPROCHEMENTS DES MONDES (universitaire, politique, économique, bancaire,
international…).
b. Rapprochement
des mondes en travaillant avec la sphère publique et non pas contre elle.
Troisième
P = Pacte de confiance au Gouvernement
a. Elaborer
ensemble un CONTRAT ECONOMIQUE ET SOCIAL RENOUVELÉ et plus adapté aux défis et aux changements que nous impose la
mondialisation, les exigences du temps et des circonstances.
b. Bâtir
une architecture économique nouvelle en phase avec les aspirations nouvelles
des peuples, et un cadre législatif et réglementaire qui soit favorable aux
producteurs de la valeur ajoutée nationale à savoir les entreprises
c. Réinventer
la gouvernance publique, des entreprises, des territoires ainsi que celle de la
gestion de la cité.
5. Où ?
Plusieurs pays ont exprimé leurs
ardents désirs de travailler avec toutes les
expertises.
6. Quand ?
La reconversion industrielle est une
démarche opérationnelle dont l’analyse des prérequis et des conditions de
faisabilité auront lieu dans les Etats clients dès janvier 2018.
7. Avec quoi ?
LA
NATIONALE STRATÉGIQUE dans ses domaines d’expertise, doit être en capacité de
répondre avec diligence à toute commande passée par le Président de la
République, le Premier Ministre, qu’il s’agisse d’éclairer l’avenir, de
contribuer aux choix de politiques publiques, de réaliser les projets,
d’organiser des concertations ou d’évaluer des dispositifs et des politiques.
Elle est chargée de coordonner un
réseau de 8 programmes d’Etat mis en œuvre par des structures
désignées sous le vocable d’agences :
- Agence Nationale Stratégie et Défense,
- Agence pour la reconversion Industrielle nationale,
- Agence Nationale de Sécurité Economique,
- Agence Nationale de l'Economie de la connaissance,
- Agence Nationale de la Prospective,
- Agence Nationale de Management et gestion des crises,
- Agence Nationale du Numérique,
- Le Programme de Formation métiers MAYELE.
- LA NS
s’exécute et s’articule en mode management de projet, c’est-à-dire
constitution de groupes pluridisciplinaires, ou comité interministériel
devant travailler sur un même projet, selon un budget défini dont les
livrables (les rendez-vous sur
objectifs) sont rendus dans les délais compressés.
Publié par Patrice PASSY, Président de l'Université des Connaissances Africaines
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