mercredi 1 février 2017

Qu'est-ce que la Pensée Stratégique Endogène Africaine?

Cette journée va me permettre, par définitions successives, d'expliquer aux internautes, avant le grand oral du vendredi 03 février 2017 à Brazzaville,
ce que c'est la Pensée Stratégique Endogène Africaine


  

Qu'est-ce que la pensée ?

"Platon l'a très bien défini : «un dialogue invisible et silencieux de l'âme avec elle-même», Invisible et silencieux.
La pensée ne consiste pas dans les conquêtes de l'esprit, ni dans les connaissances accumulées, mais dans le processus même de la vie s'explorant elle-même. Chacun d'entre nous, peut-être, en serait capable, mais d'être chercheur ou savant ne le garantit en aucune manière. Il y a tant de façons d'échapper au silence nécessaire, à cette rentrée en soi-même et de fuir la solitude qui est la compagne obligée et féconde de celui qui a entrepris d'approfondir sa propre vie. La télévision et les journaux ne sont pas le seul moyen qu'emprunte l'homme de ce temps pour se fuir lui-même. La compilation des données scientifiques, avec ou sans ordinateur, n'est souvent qu'une autre manière, individuelle ou collective, d'échapper à l'ennui, ou de consacrer fébrilement le présent à préparer le futur de la carrière. L'appétit effréné des informations, et des connaissances scientifiques détourne aussi sûrement de soi-même que le mépris de la connaissance."

"Par-delà le triomphalisme de la science et les avidités thésaurisatrices de la raison discursive, peut-être pouvons-nous, tâche difficile entre toutes, entreprendre de retrouver les chemins perdus de la pensée, qui «ne mènent nulle part» (c'est-à-dire aux «sources»). Nous y ferions sans doute, avec un étonnement ancestral, la rencontre d'Héraclite d'Éphèse."

Quand une pensée devient stratégique ?

La stratégie ressemble à une carte routière. II faut savoir LE point de départ et LE point d’arrivée visé.
La stratégie indique comment y arriver.

Une stratégie propose des projets d'action à mettre en œuvre immédiatement, mais elle fournit aussi une perspective à long terme qui nous guidera pendant des années de travail acharné, les revers et les réussites à court terme.

Une pensée devient stratégique quand elle se distingue de la réflexion exécutive à caractère pratique, de la réflexion universitaire de type scientifique et de la pensée politique à dominante institutionnelle, car elle constitue un genre de réflexion holistique complexe, systématique et encadrée, qui ne s'acquiert pas automatiquement et à laquelle on ne peut pas accéder par intuition ou par inadvertance. Elle est plutôt une conséquence de l'accumulation de connaissances, d'expériences, de principes, de théories et de méthodologies rationnelles étudiés au fil des ans dans des académies spécialisées ; ce qui a donné lieu à une discipline appelée "la science de la stratégie."

La pensée stratégique est donc une réflexion pluridimensionnelle et poly-angulaire, prenant en compte le passé, le présent et l’avenir et employant les méthodes quantitatives et le langage des chiffres et les lois de la causalité et des entrelacs des divers facteurs dans la compréhension des variables hétérogènes et interdépendants et de l’appréhension intellectuelle des corrélations entre les choses.




De quoi s'agit-il ?

Il s’agit donc d’une pensée synthétique et structurelle adoptant la perception, la prévoyance et l'intuition pour évoquer et anticiper l'image lointaine et façonner l'avenir avant qu'il ne survienne.

Les deux mamelles : innovation et créativité

Elle opte pour la créativité et l'innovation dans la recherche de nouvelles idées et d’applications novatrices des connaissances antérieures pour prévoir l'avenir et en déterminer les tendances et les transformations virtuelles, au lieu d'être totalement pris par le présent et s`engluer dans ses problèmes qui sont en fait un prolongement du passé.

Mode opératoire

Elle opte donc pour l'enquête, l’observation, la réflexion, la déduction, la pensée anticipative et proactive et le raisonnement.

Résumons-nous: la réflexion stratégique consiste en cet effort mental, intégral et systématique, visant à explorer l’avenir et sa structure prospective sur la base des données historiques, géographiques, anthropologiques et scientifiques globales constituant un large spectre de connaissances représentant une source d'inspiration et une base de conception, d'anticipation, de prévision et d'hypothèse sur lesquels on peut s'appuyer pour imaginer les contours que pourraient ou devraient revêtir l'avenir.


Caractéristique de la pensée stratégique : fabriquer l'Afrique de demain en tant que futur du monde d'aujourd'hui

La pensée stratégique est une réflexion créatrice d'évolution partant du présent africain pour dessiner l’image de l'avenir sur laquelle il s’appuie afin de modifier la structure du présent. Elle recourt aux techniques d’induction, de déduction et d’extrapolation et recours à l'analyse diagnostique pour comprendre la vérité des choses avec réalisme et clairvoyance.

En un mot, c’est une réflexion analytique, prospective, planificatrice et anticipant qui s’attache à décrypter le passé, à faire une lecture précise du présent et prévoir l’avenir.

En dernière analyse, nous pouvons dire que la pensée stratégique est la volonté de se libérer de la tyrannie du moment, un effort pour appréhender et domestiquer l’inconnu, pousser le plus loin possible les limites du connaissable et dessiner les cartes du probable afin d’anticiper les situations d'urgence, éviter les surprises, maîtriser les événements, les contrôler et en subordonner le déroulement à des intérêts et objectifs spécifiques.



Pourquoi une pensée stratégique endogène ?

Notre continent va devoir installer un milliard de nouveaux urbains en une génération. Ce que l'Afrique va faire, aucun continent sur terre ne l'a fait... Il faut, pour nous africains, tout inventer, afin de faire face à ce monde multipolaire qui se construit sous nos yeux. Or ce jour, depuis plus de 200 ans, tout a été fait pour nous, sans nous, c'est à dire 200 ans après, contre nous.

Les processus économiques de rente et de coopération postcoloniaux n’ont pas permis, pendant longtemps, de favoriser de véritables transferts de compétences, la construction d’autonomies authentiques et pertinentes favorisant ainsi, le maintien d’une demande toujours renouvelée d’assistance, en lieu et place de l’émergence de véritables partenariats. Ce cycle économique a engendré, puis entretenu nos pauvretés qui ont générées une grande crise des intelligences africaines face à la vitesse des réponses qu’exige la mondialisation.

Parce que le constat africain est qu'il manque un cadre conceptuel : Le constat est que les réponses traditionnelles (économique, culturelle, sociale, intellectuelle, philosophique, …) face aux exigences du monde multipolaire qui se dessine sous nos yeux, sont devenues obsolescent c’est-à-dire des dynamiques africaines qui tendent à rendre notre présent périmé. Il en est de même pour les offres de nos alliés traditionnels qui souffrent d’une obsolescence créatrice, c’est-à-dire inadaptation des offres aux demandes des peuples africains (les sept faims des peuples africains). Cette obsolescence est due à l’apparition d’une offre nouvelle mieux adaptée à la demande (le glissement de la puissance financière mondiale vers le moyen et extrême orient, l’offre chinoise principalement, qui met presque un terme au cycle économique postcolonial). Vous l’avez compris, avec la mondialisation les paradigmes postcoloniaux deviennent inopérants ou très peu performants. Et ce n’est plus aux Autres de nous fournir les nouveaux paradigmes pour s’arrimer à la mondialisation, d’inventer pour nous, sans nous c’est-à-dire contre nous.




Parce que nous voulons maintenant et ardemment inventer notre enthousiasme conquérant

Si le but de ce travail est de rendre le continent plus visible et plus confiant dans l’arène mondiale, force est de reconnaître que les défis ne manquent pas. Et tant mieux, car c’est dans la difficulté que les individus et les communautés se dépassent pour donner le meilleur. C'est d'ailleurs ce qui explique l'enthousiasme conquérant de la jeunesse africaine, celle qui a eu la chance d'accéder à la formation.

La Pensée Stratégique Endogène Africaine (PSEA) est donc l’appareil africain de solutions, conçu pour alimenter en solutions, réflexions et actions les acteurs politiques et économiques sur les sept faims des peuples africains.

Grâce à un processus cognitif adopté dans le cadre du rattrapage économique prônée par les stratégies d’émergence économique des Etats Africains.

Deux outils ont été créés par l’UCA : la Pensée Stratégique Endogène Africaine et la Nationale stratégique qui ont pour missions de concevoir ce processus puis le mettre en œuvre par la méthode de la destruction créatrice des paradigmes post coloniaux.






Ce processus d’innovation africain se propose d’accompagner nos gouvernements à structurer leurs réponses face aux « sept faims » du peuple appelés communément les thématiques sociales à savoir :

1. L’accès à une nourriture en qualité et quantité suffisantes.
2. L’accès aux soins de santé de qualité.
3. L'accès au travail et à la sécurité pour tous.
4. L’accès à un toit décent, à l’eau potable en qualité et quantité suffisantes.
5. L’accès à l’alphabétisation et à l’éducation pour leurs enfants.
6. L’accès à un avenir sécurisé et commun pour tous.
7. L’accès à un bien être partagé par tous.




Pourquoi une pensée endogène ?

Selon le dictionnaire Larousse, endogène : qui est produit par la structure elle-même en dehors de tout apport extérieur, par opposition à exogène

Le développement endogène ou autocentré est une conception du développement avant de relever de l’économie régionale : c’est une approche territoriale du développement plus qu’une théorie de la croissance régionale. Il fait l’objet d’applications à divers niveaux. S’il a pour les pays occidentaux un contenu régional, voire micro-régional, il peut être appliqué dans les pays africains dans leur ensemble. Il se présente moins comme une théorie du développement de la région que comme un paradigme nouveau du développement : développement territorial, développement ’from below’ (partant du bas), s’opposant au développement fonctionnel et ’up-down’ (partant du haut) qui fondait les pratiques antérieures.

Le développement endogène débouche sur le développement intégré c’est-à-dire le contrôle local de la vie économique ; le promouvoir revient à prôner un développement global intégrant dans une même logique les aspects sociaux, culturels, techniques, agricoles et industriels, plutôt que de développer des spécialisations ’pointues’...Cette partie s’inspire largement de Aydalot, 1985 : pp. 144-150

Les savoirs endogènes et le développement endogène sont deux notions qui ont une paternité différente. La première naît sous la plume de Hountondji et la seconde sous celle de Ki-Zerbo. Malgré cette différence, les deux notions ont pourtant une parenté épistémologique et conceptuelle, qui met en dialogue ces deux penseurs, comme volonté d’offrir à l’Afrique le terreau et le fertilisant épistémologique qui en sera la matrice scientifique, économique et sociale. L’un est en amont ce que l’autre est en aval : le développement endogène a comme ressources intellectuelles, sociales, économiques et scientifiques les savoirs endogènes. Comme tels, les savoirs endogènes et le développement endogène reposent sur l’exigence d’intégration africaine, celle de rendre plus manifeste le contenu des savoirs et la rationalité que contiennent les cultures africaines...KOUMA Youssouf

Pourquoi une conversation stratégique de l’Université des connaissances Africaines à Brazzaville?

Parce que Brazzaville est une « ville intellectuelle » ayant toujours participé à la « planétarisation des questions africaines ». Le continent va être le moteur de notre monde, mais pour ce faire, il doit parachever sa décolonisation, réactualiser les valeurs qui sont les siennes et proposer un projet de civilisation ancré dans « ses potentialités heureuses », grâce à ces « révolutions silencieuses » en cours. "Cela suppose de réfléchir aux modèles politiques et économiques à mettre en place, quitte à renoncer à la notion de « développement », à penser des démocraties sans nécessairement recourir à des élections, à se demander si le continent doit défendre le « spécifiquement africain » ou la « créolité », à moins que ces deux pistes ne soient complémentaires."

Ensemble, construisons de nouvelles souverainetés collectives

Notre rationalité est devenue économiste, son paradigme est le libéralisme triomphant. Nous n'avons plus d'autres ressources qu'un appel déraisonnable à la mise à mort de notre obsolescence créatrice... et à l'insurrection de l'audace conceptuelle. Ce qui relie, rallie, relate, États, peuples, nations, quelle que soit leur complexité constitutive ou découlant de l'Histoire, c'est souvent une idée, une éthique référentielle. Cela peut aussi être une intention autour d'un projet global ; une stratégie d'ensemble liée à une vision commune des enjeux du monde ; un pacte républicain ou autre qui autorise le respect des différences et surtout leur expression positive. C'est donc une autre forme de souveraineté qu'il faut trouver à l'intérieur des terres africaines, et cette forme ne peut être que collective. Pour que la deuxième puissance démographique mondiale puisse jouir de son statut dans 30 ans, il nous faut, après les indépendances octroyées, franchir une nouvelle étape de notre histoire. Il va donc s’agir de construire notre souveraineté collective. La souveraineté met fin à toute forme de colonisation en dotant une entité collective d'un outil politique d'abord capable de s'auto-organiser, puis de maîtriser et de choisir les interdépendances qui lui sont nécessaires (ses relations extérieures, ses adhésions, ses alliances historiques, ses associations, ses choix économiques, son réseau écologique international, sa coopération régionale, son maillage de luttes dans les combats mondiaux, etc.…).





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